• Le « publieur » antique

    Depuis la plus haute antiquité, il a toujours existé des systèmes de diffusion de la parole, et d'abord de la parole orale. Des conteurs populaires aux images parlantes relayées par satellite en passant par les places publiques des cités grecques, les auditoria de Rome, les cours d'amour, les veillées des chaumières, les salons, les cafés littéraires, les théâtres, les cinémas et les « transistors », lacommunication de bouche à oreille n'a jamais fait défaut à la production intellectuelle.

    Elle a pourtant une faiblesse. Plus que toute autre forme de communication, elle a la maîtrise de l'espace, mais il lui manque la maîtrise du temps. Elle ne reste pas, elle ne dure pas, elle ne revient pas en arrière et, à moins d'une pédagogie de la mémoire qui n'est pas à portée de tout le monde, elle ne permet pas la stratification intellectuelle, l'accumulation des expériences. Seule la communication écrite possède la maîtrise du temps et quand, grâce à l'invention du livre, il y a quelque trente siècles, elle a aussi conquis la maîtrise de l'espace, la mobilité, l'ubiquité, elle est devenue la forme privilégiée de la communication culturelle.

    Dès lors se sont posés des problèmes de fabrication et de distribution. Le livre n'a de sens que s'il est reproduit en un nombre appréciable d'exemplaires et mis à la disposition des lecteurs en un nombre appréciable de points. Dans les cités antiques, le premier problème était plus difficile à résoudre que le second car le seul procédé de reproduction connu la copie manuelle ne permettait pas de grands « tirages ». Il existait pourtant de véritables entreprises, ateliers de bibliopoles d'Athènes ou scriptoria de Rome, qui pouvaient publier des éditions de plusieurs centaines d'exemplaires. Sorti des mains du copiste  , le volumen, rouleau de papyrus collé, pouvait trouver sa place dans un pot sur les rayons d'une librairie de la ville ou bien être envoyé le long des routes commerciales vers quelque centre intellectuel comme Athènes, Alexandrie, Rome, Lyon ou Byzance.

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    Portrait de Jean Miélot, secrétaire, scribe et traducteur de Philippe le Bon.

    L'entrepreneur antique était donc plus un « publieur » qu'un « éditeur ». La fonction d'édition proprement dite, c'est-à-dire la responsabilité du choix et de la préparation d'un texte à « mettre au monde », incombait à de beaux esprits ou à des érudits. C'est encore en ce sens que de nos jours on appelle « éditeur » le savant qui établit un texte, le corrige et l'annote.

    Source : Logiciel Encyclopédia Universalis 2012


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