• www.babelio.com

    30 mars 1895 (Manosque) - 8 octobre 1970 (Manosque)

    Jean Giono est né à Manosque le 30 mars 1895. Il est le fils unique d'une famille d'origine piémontaise : son père est cordonnier et sa mère dirige un atelier de repassage. On retrouve des histoires de son enfance dans Jean le Bleu.

    En 1911, Giono doit arrêter ses études, car sa famille n'a plus d'argent et son père est malade. Il s'instruit donc par lui-même.

    Pendant la première guerre mondiale, Jean est incorporé à Briançon, avant d'être envoyé au front à Verdun puis en Belgique. Cette expérience est traumatisante pour l'écrivain, qui perd au combat nombre de ses amis et camarades. Lui-même sera gazé sur le champ de bataille. Choqué par l'atrocité des actions guerrières, Jean Giono restera à vie un pacifiste convaincu.

    Giono continue à se cultiver en lisant énormément ; c'est en découvrant de grands auteurs classiques qu'il va petit à petit évoluer vers l'écriture. Dès son premier ouvrage, intitulé Colline, il connaît un certain succès. Plus le temps passe, plus il se consacre à écrire, et lorsqu'en 1929 la banque où il travaille fait faillite, Giono décide de passer son temps à travailler sur son œuvre. La même année, on lui remet le prix américain Brentano, puis le prix Northcliffe en 1930, cette fois pour Regain.

    En 1932, il est fait chevalier de la Légion d'honneur.

    La décennie 1930 l'incite à s'engager politiquement. Il se rapproche de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, mais seulement pour un temps, car il s'en sépare rapidement.

    En 1935 paraît Que ma joie demeure : l'ouvrage connaît un grand succès. Son titre fait référence à une cantate de Bach (« Jésus que ma joie demeure »), et Giono souhaite ainsi écrire sa foi dans l'être humain.

    A la même période, l'écrivain reste bloqué avec des amis dans le hameau de Contadour, alors qu'ils randonnaient. Ils décident par la suite de s'y rejoindre fréquemment : c'est la naissance des « Rencontres du Contadour » et de ses habitants, à qui l'essai Les Vraies richesses est dédicacé.

    La guerre commence à se faire sentir. Giono écrit alors plusieurs textes plus engagés, tels que Refus d'obéissance, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Précision et Recherche de la pureté.
    Son problème est que malgré ses convictions, Giono ne veut pas endosser le rôle de directeur de conscience pour les autres. En 1939, il est arrêté un temps à cause de son pacifisme, puis relâché et libéré de ses obligations militaires.

    Après la guerre, alors qu'il n'a jamais soutenu ni les nazis ni le régime de Vichy, Jean Giono est accusé d'avoir collaboré et est emprisonné en septembre 1944. Il est libéré en janvier 1945, sans même avoir été inculpé.

    Toutefois, l'organisme issu de la Résistance et appelé le Comité national des écrivains le place sur liste noire, ce qui fait que son œuvre ne peut être publiée en France.
    Il faudra attendre 1947 pour que l'interdiction soit levée.

    En 1947 paraît donc Un roi sans divertissement.

    Le succès de ses ouvrages est tel que Jean Giono retrouve sa place d'écrivain respecté, notamment avec le Hussard sur le toit.

    En 1953, il obtient le Prix littéraire du Prince Pierre-de-Monaco, qui vient récompenser toute son œuvre.

    En 1954, Giono est élu à l'Académie Goncourt.

    Par la suite, passionné de cinéma, il est amené à réaliser (Crésus en 1960), mais surtout à présider le jury du Festival de Cannes en 1961.

    En 1970 paraît L'Iris de Suse, son dernier roman. En effet, le 8 octobre 1970 ; Jean Giono meurt d'une crise cardiaque et est enterré à Manosque, là où le « voyageur immobile » est né et a habité tant d'années. On retrouve d'ailleurs cette région dans nombre de ses romans.

    Source : http://www.fichesdelecture.com


    votre commentaire
  • www.amazon.fr

    Seulement, ce soir-là, il ne fumait pas un cigare : il fumait une cartouche de dynamite.
    Ce que Delphine et Saucisse regardèrent comme d'habitude, la petite brise, le petit fanal de voiture, c'était le grésillement de la mèche. Et il y eut, au fond du jardin, l'énorme éclaboussement d'or qui éclaira la nuit pendant une seconde. C'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers. Qui a dit : "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères " ?

    Roman de 256 pages

    Commander


    votre commentaire
  • litterature.jeunesse.over-blog

    31 aout 1908 (Sainte-Marie-du-Mont) - 24 septembre 1978 (Valence)

    Paul-Jacques Bonzon est né le 31 août 1908 à Sainte-Marie-du-Mont, Manche, en Normandie. Aujourd'hui, un bourg de 700 à 800 habitants, situé à deux pas de la baie des Veys, et des plages du débarquement.
    Fils unique né dans une famille aisée, Paul-Jacques eut cependant une enfance assez difficile face à un père autoritaire qui ne lui laissa pas souvent faire ce qu'il aurait aimé.

    Elève de l'école normale d'instituteur de Saint-lô, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans. 
    Marié, père de deux enfants : Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants.
    Il appartenait à l'"Académie Drômoise", association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".

    Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquels il trouvait la documentation qu'il cherchait.
    Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu.

    A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur Loutzi-chien fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront.

    Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-Jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même.
    C'est aussi cette connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), Ali-Baba-Bikini (La maison au mille bonheurs), l'Ane (série des Pompon).
    Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une soeur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste. Tous et en particulier ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire connaître la France ou les pays étrangers (Sénégal, Laponie, Japon, Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Angleterre). 
    La documentation est toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, La princesse sans nom, Le jongleur à l'étoile).

    Ecrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-Jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire.

    Il a écrit en collaboration avec Monsieur Pedoja , inspecteur départemental de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones Pompon, petit âne des tropiques
    Chacun écrivait un chapitre et le communiquait.

    Il disparut le 24 septembre 1978 à Valence, Drôme.

    Source :   http://dilaurus.org  


    votre commentaire
  • www.amazon.fr

    Un chat perdu..., une voiture mal garée..., il n'en faut pas plus pour que Bichette et ses trois copains, bien connus sous le nom de " la Famille H.L.M. ", se trouvent engagés dans une aventure pleine de péripéties.
    Avec le concours d'un employé de la préfecture et d'une authentique comtesse, les voilà lancés, au milieu des baraques d'un coin désert de la banlieue parisienne, à la poursuite d'une énigme dont la solution pourra rendre son sourire à une petite fille malheureuse.

    Roman de 188 pages


    votre commentaire
  • « Au fond, Dieu veut que l'homme désobéisse. Désobéir c'est chercher. »

    attypique-mag.typepad.com

    Attypique-Mag : Comment écrivez-vous ?

    Victor Hugo : "Accepter dans l'occasion le mot cru, rejeter le mot sale. Eviter ces deux écueils : le mot impropre, le mot malpropre. L'adjectif, c'est la graisse du style. Celui-là seul sait écrire qui écrit de telle sorte qu'une fois la chose faite, on n'y peut changer un mot. C'est le style qui fait la durée de l'oeuvre et l'immortalité du poète. La belle expression embellit la belle pensée et la conserve ; c'est tout à la fois une parure et une armure. Le style sur l'idée, c'est l'émail sur la dent. Admirons les grands maîtres, ne les imitons pas. Je veux être Chateaubriand ou rien. C'est une mauvaise manière de protéger les lettres que de prendre les lettrés. Ce sont les mots nouveaux, les mots inventés, les mots faits artificiellement qui détruisent le tissu d'une langue. En littérature, le plus sûr moyen d'avoir raison, c'est d'être mort. Chexpire, quel vilain nom ! On croirait entendre mourir un Auvergnat."

    Attypique-Mag : Vous n’hésitez pas a inclure de l’argot dans vos romans comme dans Les Misérables. Pourquoi ?  

    Victor Hugo : "L'argot c'est le verbe devenu forçat. L'argot est tout ensemble un phénomène littéraire et un résultat social... La misère a inventé une langue de combat qui est l'argot. L'argot, c'est la langue des ténébreux. Si certains de mes personnages le sont, il est normal que je les fasse parler de cette manière."

    Attypique-Mag : Que représente le théâtre pour Vous ?

    Victor Hugo : "Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu. Je ne reconnais pour grand écrivain que celui qui a telle page qui est comme son visage et telle autre page qui est comme son âme. Reste la réalité. Ainsi, la bataille dite d'Hernani est celle des idées, celle du progrès. C'est une lutte en commun. Nous allons combattre cette vieille littérature crénelée, verrouillée [...] Ce siège est la lutte de l'ancien monde et du nouveau monde, nous sommes tous du monde."

    Attypique-Mag : Vous dessinez beaucoup également. L’art à vos yeux , c'est quoi au juste ?  

    Victor Hugo : "L'art, c'est la création propre à l'homme. L'art est le produit nécessaire et fatal limitée, comme la nature est le produit nécessaire et fatal d'une intelligence finie. L'art est à l'homme ce que la nature est à Dieu. L'art, c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau. L'art, c'est le relief du beau au-dessus du genre humain."

    Attypique-Mag : Vous avez été un homme politique engagé et de ce fait parfois exilé. Que vouliez vous réformé en vous engageant en politique ? Une certaine idée de la Justice ?  

    Victor Hugo : "De grâce, ne voyez pas en moi un ministre, je veux rester l'ami indépendant des lettres et des lettrés. Je veux l'influence et non le pouvoir, l'influence honnête, probe, éclairée et rien de plus, rien pour moi surtout. Comprenons nous : monsieur, j'ai pour principe, écoutez bien cela, d'admirer l'admirable et de m'en tenir là. Qu'appelez-vous justice ? Qu'on s'entraide, qu'on soit des frères, qu'on vêtisse ceux qui sont nus, qu'on donne à tous le pain sacré, qu'on brise l'affreux bagne où le pauvre est muré. Or, aujourd’hui, ce qui salit le poète et le philosophe, ce n'est pas la pauvreté, c'est la vénalité, ce n'est pas la crotte, c'est la boue. C'est l'extirpation du faux goût qui, depuis près de trois siècles, substituant sans cesse les conventions de l'école à toutes les réalités, a vicié tant de beaux génies. Ne l’oublions pas : la liberté commence où l'ignorance finit. Il y a une divinité horrible, tragique, exécrable, paienne. Cette divinité s'appelait Moloch chez les hébreux et Teutatès chez les celtes ; elle s'appelle à présent la peine de mort. Je suis de mon siècle et je l'aime !”

    Attypique-Mag : Le 13 juin 1849, vous prononcez un discours à l'assemblée qui selon les observateurs marque votre entrée dans l'opposition de l'époque, un divorce avec le parti de "l'ordre" celui des conservateurs alors majoritaire. Divorce qui semble t-il ce sarait accentué avec un second discours sur "l'affaire de Rome" et vos critiques non voilées à l'encontre du pape Pie IX. et de la droite catholique en France. Pourquoi ces prises de position ?

    Victor Hugo : "Ce qui n'est pas possible, c'est que nous n'ayons pas meme secoué sur Rome ces idées généreuses et libérales que la France porte partout avec elle dans les plis de son drapeau. Ce qui n'est pas possible, c'est de laisser souffleter la France par la main qui devait la bénir. Voilà pour Rome ; mais il y a aussi la France et la misère, à Paris du temps ou nous vivons. Voulez-vous des faits ?

    Il y a à Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, ou des familles entières, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, vivent pêle-mêle, n'ayant pour lits... C'est à Paris, ceci....n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange au coin des bornes, espèce de fumier des villes où s'enfouissent toutes vivantes des créatures humaines pour échapper au froid de l'hiver. Eh bien, je dis que de tels faits ne doivent pas être ! je dis que la société doit dépenser toute sa sollicitude, toute sa force, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de tels faits ne soient pas."     

    Attypique-Mag : Mais ou vous situez-vous sur l'échiquier politique ?

    Victor Hugo : "Depuis l’âge où mon esprit l’entrevoit, et où j’ai commencé à prendre part aux transformations politiques ou aux fluctuations sociales de mon temps, voici les phases successives que ma conscience a traversées en avançant sans cesse et sans reculer un jour – je me rends cette justice – vers la lumière : 1818, royaliste ; 1824, royaliste libéral ; 1827, libéral ; 1828, libéral socialiste ; 1830, libéral, socialiste et démocrate ; 1849, libéral, socialiste, démocrate et républicain. Mauvais éloge d'un homme que de dire : son opinion politique n'a pas varié depuis quarante ans. C'est dire que pour lui il n'y a eu ni expérience de chaque jour, ni réflexion, ni repli de la pensée sur les faits. C'est louer une eau d'être stagnante, un arbre d'être mort ; c'est préférer l'huître à l'aigle. Tout est variable au contraire dans l'opinion ; rien n'est absolu dans les choses politiques, excepté la moralité intérieure de ces choses. Or, cette moralité est affaire de conscience et non d'opinion. L'opinion d'un homme peut donc changer honorablement, pourvu que sa conscience ne change pas. Progressif ou rétrograde, le mouvement est essentiellement vital, humain, social. Ce qui est honteux, c'est de changer d'opinion pour son intérêt, et que ce soit un écu ou un galon qui vous fasse brusquement passer du blanc au tricolore, et vice versa."
    J'ai expliqué cela dans Littérature et philosophie mêlées."

    Attypique-Mag : Parlons clairement c'est aussi votre habitude, êtes vous socialiste notamment après juin 1849 ou la jeune république semble encore menacée vous avez écrit "une morte était à terre, on criait : c' est la République ! Il alla à cette morte et reconnut que c'était la liberté. Alors il se pencha vers ce cadavre et il l'épousa".

    Victor Hugo : "Il n'y a pas cent socialismes comme on le dit volontiers. Il y en a deux. Le mauvais et le bon. Il y a le socialisme qui veut substituer l'Etat aux activités spontanées, et qui, sous prétexte de distribuer à tous le bien-être, ôte à chacun sa liberté. Ce socialisme là détruit la société ; Il y a le socialisme qui abolit la misère, l'ignorance, la prostitution, les fiscalités, les vengeances par les lois, les inégalités démenties par le droitou par la nature, toutes les ligatures, depuis le mariage indissoluble jusqu'à la peine irrévocable. Ce socialisme-là ne détruit pas la société ; il la transfigure. En d'autres termes, sous le mot socialisme comme sous tous les mots humains, il y a la vérité et il y a l'erreur. Je suis contre l'erreur et pour la vérité."

    Attypique-Mag : À partir de 1849, vous consacrez un tiers de votre œuvre à la politique, un tiers à la religion et le dernier à la philosophie humaine et sociale. Quelles voies avez-vous voulu privilégier pour aider les plus faibles ? 

    Victor Hugo : "Rappelons un peu d’histoire : avant l'imprimerie, la Réforme n'eût été qu'un schisme, l'imprimerie l'a faite révolution. Otez la presse, l'hérésie est énervée. Que ce soit fatal ou providentiel, Gutemberg est le précurseur de Luther. Il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple : car c'est par les ténèbres qu'on le perd. Là où la connaissance n’est que chez un homme, la monarchie s’impose. Là où elle est dans un groupe d’hommes, elle doit faire place à l’aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Osons le dire :  la guerre, c'est la guerre des hommes, la paix c'est la guerre des idées. Il ne peut y avoir rien que de factice, d'artificiel et de plâtré dans un ordre de choses où les inégalités sociales contrarient les inégalités naturelles. Je disais hier à Ch. Dupin : - M. Guizot est personnellement incorruptible et il gouverne par la corruption. Il me fait l'effet d'une femme honnête qui tiendrait un bordel."

    Attypique-Mag : Lors de la Commune de Paris, révolte durement réprimée, vous n'avez jamais été considéré comme Communard : frilosité ou volonté de condamner cette révolte populaire ?

    Victor Hugo : "Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n’en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c’est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J’accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c’est qu’elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : civilisation-révolution . La construction d’une société égalitaire ne saurait découler que d’une recomposition de la société libérale elle-même. Mais je me suis opposé à la répression sévère qu'ont subi les communards : des bandits ont tué 64 otages. On réplique en tuant 6 000 prisonniers !" N'oubliez pas que j'ai déclaré aux élus de la Droite à l'assemblée nationale : "Vous voulez la misère secourue, moi, je la veux supprimée."

    Attypique-Mag : Pensez-vous que l’Europe politique existera un jour ? 

    Victor Hugo : "Le scepticisme est la carie de l'intelligence. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne ! Amis, la persécution et la douleur c'est aujourd'hui ; les États-Unis d'Europe, les Peuples-Frères c'est demain... Au vingtième siècle, il y aura une nation extraordinaire... Elle sera illustre, riche, puissante, pacifique, cordiale au reste de l'humanité. Elle aura la gravité douce d'une amie... elle aura quelque peine à faire la différence entre un général d'armée et un boucher... Elle s'appellera l'Europe et aux siècles suivants, plus transfigurée encore, l'Humanité."

    Attypique-Mag : Vous dites que le Commerce doit remplacer la guerre. Est-ce pour cette raison que vous semblez opter pour des idées colonialistes comme vous l'avez affirmé lors d'un banquet pour l'abolition de l'esclavage le 18 mai 1879 ? 

    Victor Hugo : "La Méditerranée est un lac de civilisation ; ce n’est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l’un de ses bords le vieil univers et sur l’autre l’univers ignoré, c’est-à-dire d’un côté toute la civilisation et de l’autre toute la barbarie [...]. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et, du même coup, résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez."

    Attypique-Mag : Vous avez connu la vie d’un exilé pour des raisons politiques. Comment avez-vous vécu cette période de censure ? 

    Victor Hugo : "Bonté de l'exil. - Voltaire est plus Voltaire à Ferney qu'à Paris. Danton fut l'action dont Mirabeau avait été la parole. J’en ai la conviction : l'encrier brisera les canons. Devant la conscience, être capable, c'est être coupable. La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure. La chute des grands hommes rend les médiocres et les petits importants. Quand le soleil décline à l'horizon, le moindre caillou fait une grande ombre et se croit quelque chose. L'exil est une espèce de longue insomnie. L'exil, c'est aussi la nudité du droit."

    Attypique-Mag : Croyez-vous a une puissance surnaturelle qui dépasserai l’humain ou pensez vous que l’homme lui même renferme du divin ?   

    Victor Hugo : "Je ne puis regarder une feuille d'arbre sans être écrasé par l'univers. Dieu est derrière tout, mais tout cache Dieu. Dieu, c'est la raison ; Dieu, c'est l'amour ; Dieu, c'est l'être ; C'est le devoir de vivre après le droit de naître. A la chose la plus hideuse mêlez une idée religieuse, elle deviendra sainte et pure. Infini et éternel, ce sont là les deux aspects de Dieu. L'homme ne sera adulte que le jour où son cerveau pourra contenir dans sa plénitude et dans sa simplicité la notion divine. Attachez Dieu au gibet, vous avez la croix. Lorsqu’on jette un regard sur la création, une sorte de musique mystérieuse apparaît sous cette géométrie splendide ; la nature est une symphonie ; tout y est cadence et mesure ; et l'on pourrait presque dire que Dieu a fait le monde en vers. Tout crépuscule est double, aurore et soir. Cette formidable chrysalide qu'on appelle l'univers trésaille éternellement de sentir à la fois agoniser la chenille et s'éveiller le papillon. Car le mot, c'est le Verbe, et le Verbe, c'est Dieu. De quoi demain sera-t-il fait ? Dans la question de l'immortalité de l'âme, on voit le pourquoi, on ne voit pas le comment. L'homme aujourd'hui sème la cause, Dieu fait mûrir l'effet. Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur."

    J'ai écrit également ces quelques vers nommés Les Quatre vents de l'esprit -  pour les plus malheureux au bagne : 

    "Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
    Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
    Ne sont jamais allés à l'école une fois,
    Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
    C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
    L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
    Où rampe la raison, l'honnêteté périt."

    Attypique-Mag : Victor Hugo et les femmes, c’est une histoire compliquée, ardente, passionnée, forcément emprunte de romantisme. Comment aimez-vous ?

    Victor Hugo : "Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme. L'amour participe de l'âme même. Il est de même nature qu'elle. Comme elle il est étincelle divine ; comme elle il est incorruptible, indivisible, impérissable. C'est un point de feu qui est en nous, qui est immortel et infini, que rien ne peut éteindre. A vingt ans, on est plus amoureux qu'autre chose ; à soixante on est plus autre chose qu'amoureux. Aimer quelqu'un, c'est lui donner de l'importance à ses propres yeux, l'aider à croire en lui même. Aimer, c'est savourer, au bras d'un être cher. La quantité de ciel que Dieu mit dans la chair... J’ajoute qu’a Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. Ce génie particulier de la femme qui comprend l'homme mieux que l'homme ne se comprend. La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l'apparence de la faiblesse. Dans la bouche d'une femme, non n'est que le frère ainé de oui. Je pense des femmes comme Vauban, des citadelles. Toutes sont faites pour êtres prises. Toute la question est dans le nombre des jours du siège. Une jolie femme est un casus belli ; une jolie femme est un flagrant délit. En amour, tel mot, dit tout bas, est un mystérieux baiser de l'âme à l'âme. L'amour, panique de la raison, se communique par le frisson. Je lègue au pays, non ma cendre, - Mais mon bifteck, morceau de roi. - Femmes, si vous mangez de moi, - Vous verrez comme je suis tendre..."

    Attypique-Mag : Finalement, au regard de votre œuvre, c’est toujours l’humain et ses  secrets qui constituent l’axe essentiel de votre philosophie.  Comment l’homme peut-il s’élever voire se dépasser ?  

    Victor Hugo : "La grandeur se compose de deux éléments qui sont l'essence même du génie : deviner et oser. Se donner à ce qui sera malgré la résistance de ce qui est. L'instinct, c'est l'âme à quatre pattes ; la pensée c'est l'esprit debout. Dans les temps anciens, il y avait des ânes que la rencontre d'un ange faisait parler. De nos jours, il y a des hommes que la rencontre d'un génie fait braire.  Dans tout fanfaron il y a un fuyard. De quelque mot profond tout homme est le disciple. Depuis l'origine des choses jusqu'au quinzième siècle de l'ère chrétienne inclusivement, l'architecture est le grand-livre de l'humanité, l'expression principale de l'homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence. Deux choses font la fleur : la graine et le rayon de soleil. Deux choses font le grand homme : le génie et l'occasion. Dieu a fait un noeud que l'homme cherche à dénouer avec deux mains : la philosophie et la Science. Donc, je marche vivant dans mon rêve étoilé ! Elevez-vous. Elargissez votre horizon. Quittez l'argile, la fange, le ventre, l'intérêt, l'appétit, la passion, l'égoïsme, la pesanteur. Allez à la lumière. Devenez une grande âme. Passez du géocentrique à l'héliocentrique."

    Attypique-Mag : Et les enfants ? Que vous inspirent-ils ?

    Victor Hugo : "Aie des mioches, torche-les, mouche-les, couche-les, barbouille-les et débarbouille-les ; que tout cela grouille autour de toi ; s’ils rient, c’est bien ; s’ils gueulent, c’est mieux ; crier, c’est vivre ; regarde-les téter à six mois, ramper à un an, marcher à deux ans, grandir à quinze ans, aimer à vingt ans. Qui a ces joies a tout."

    Interview de Victor Hugo : sources et notes de lecture

    Complémentaires : Questions et citations regroupées par Jean-Philippe Klein pour Attypique-Mag (avec 2 T) : http://attypique-mag.typepad.com/interviews-posthumes/

    Source : http://attypique-mag.typepad.com

     

    Copyright : Attypique-mag 2010


    votre commentaire